4 - du train à la plage, le 1er baiser

Publié le par bertrand morane

Antoine est rentré des étoiles plein les yeux et des fleurs plein la tete.
Il se couche sans les remords féminins du "vouloir c'est déjà tromper" mais il a plutot peur de la suite : si ca ne fait pas il sera décu, et si ca fait, il aura peur de la décevoir.

En se réveillant le lendemain, et conscient d'avoir sans doute "tenté" quelque chose la veille,un peu gené d'avoir pu paraitre trop entreprenant chez elle, autour de la table, Antoine sent qu'il doit faire qqch.
Il n'a pas l'habitude de jouer les séducteurs, surs de leur charme et plein de cette assurance qui les rend encore plus désirables.
Non pas qu'il veuille s'excuser de la trouver charmante, craquante et jolie.

Quelques jours plus tard, il est dans le train pour Paris. Il écrit une lettre où il explique à Julie qu'elle le trouble, qu'elle lui plait, mais qu'il a sans doute été trop loin, qu'il a peur qu'elle ne veuille plus le voir.
POurtant, "trop loin", c'est juste une main sur l'épaule et un essai furtif de faire déraper un baiser sur la joue vers les levres.
Il lui explique qu'il n'a pas l'habitude de draguer les femmes mariées (et c'est vrai; ni les autres d'ailleurs). Il lui raconte pourquoi il se sent si bien avec elle.
Il s'excuse aussi pour l'écriture un peu saccadée, saleté de train qui bouge tout le temps.
Enfin, il ne se livre pas completement dans ses sentiments, retenu par la peur de la perdre.
"Qui trop étreint mal embrasse".
IL est content de lui écrire, et si tout doit s'arreter là, les moments autour de la table étaient magiques et merveilleux, de toutes façons c'est déjà ça.
Antoine planque la lettre au pied d'un boulot dans un parc.
Et il attend, il attend.
En fait il est persuadé qu'elle va lui dire "qu'il est bien gentil, mais ca sera pas possible de se revoir" sans rentrer dans le détail. Il faut dire qu'Antoine manque particulièrement de confiance en lui, en général, et sur le sujet de la séduction des femmes en particulier. Ce sujet sera abordé dans un autre chapitre.
Bref, Antoine a envoyé sa lettre et il attend le coup de fil assassin, celui qui va ruiner ses espoirs.
Dieu que le temps passe lentement dans ces moments là !!

Et puis, quelques jours plus tard, voici que le téléphone sonne.
"Allo, Bonjour, c'est Julie".
Sa gorge se serre.
Quelques petits échanges agréables, et puis vient le "j'ai bien recu et lu ta lettre"
Glooups
"Si tu veux, on pourrait se promener sur la plage bleue, jeudi à l'heure du déjeuner, pour en discuter"
qu'auriez-vous pensé à sa place ?
Antoine est persuadé qu'elle prend des gants pour lui dire que ca va pas etre possible.
Il admire le tact et la gentillesse avec lesquels (j'ai mis du temps à trouver s'il fallait mettre lequel ou laquelle) elle l'éconduit, mais de toutes facons n'a pas l'intention de renoncer à quelques moments avec elle, meme s'ils doivent etre les derniers.
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Jeudi, l'heure du déjeuner, sur la plage bleue
Il fait gris et frois, et un petit crachin tombe sur ce paysage habituellement ensoleillé.
ANtoine ne peut pas s'empecher de voir dans le climat un signe prémonitoire de la discussion à venir, avec Julie.
"Si elle venait me dire qu'elle voulait qu'on se revoit, il ferait beau, je le sais".
Mon dieu, qu'on est bete quand on est amoureux.

Impatient et anxieux à la fois, il marche sur le sable mouillé. Ces traces sont recouvertes et effacées par la mer, mais c'est moins triste quand on est seul, que dans la chanson de Prévert.
Et justement, voilà Julie qu'il voit arriver du bout de la plage.
Elle porte une jupe culotte, mais de loin on dirait une jupe fendue tres largement.
Antoine se dit "elle est gonflée de venir m'annoncer que ca marchera pas et de s'habiller si 'osée'"
elle arrive à sa hauteur (facon de parler car elle est quand meme plus petite que lui)
Et les voilà qui marchent ensemble sur cette plage d'hiver, seuls improbables touristes égarés hors saison.
Il se fait la réflexion de s'éloigner un peu du bord, pour que leurs traces restent plus longtemps gravées dans le sable. Ses pieds sont plus petits que les siens, mais il sent que leur empreinte pourrait etre énorme dans sa vie.
Ils parlent de choses et d'autres mais relativement neutres.
Il est l'heure de déjeuner et les voila partis pour un petit restaurant sans prétention, dans un petit village.
Antoine sent la tension monter, il se montre prévenant et attentionné, mais il sent bien que si Julie avait du lui dire des choses tristes, lui expliquer que rien ne pourrait arriver, elle l'aurait sans doute fait avant.
Mais, sa connaissance des femmes en général et de leur psychologie en particulier l'incite à la prudence et il n'en tire donc aucune conclusion hative.
Une soupe de poisson, un peu de vin, un plat dont il a oublié jusqu'au nom.
(le souvenir de ce repas est flou, seul le lieu et le moment volé à nos vies respectives restent clairs)
Les voila maintenant sur une plage plus tranquille, moins visible, mais toute aussi déserte.
Autant l'autre était civilisée, grande étendue de sable fin, avec un parking derriere, autant celle là est pleine de rocher, adossée à la foret.
Il fait toujours froid et Julie se rapproche d'Antoine pour se réchauffer. Ils marchent cote à cote et déjà Antoine penche plus pour une issue heureuse de ce rendez vous.
Il pense déjà à ce que ca entraine de mentir, de se cacher, d'etre discret pour avoir une relation avec une femme mariée, dans une petite ville de province.
Il met sa main autour de sa taille et elle se laisse faire.
Il tourne la tete vers Julie et attrape ses grands yeux expressifs. "Mon Dieu qu'on est bien dans ces yeux là", se dit il.
Ils continuent à marcher encore entre les rochers. Antoine aimerait prolonger ce moment de félicité mais déjà, il pense à ses levres. Il trouve Julie tellement séduisante qu'il se dit que ca doit etre merveilleux de l'embrasser.
Il s'arrete et s'appuie sur un gros rocher.
Antoine prend Julie par la taille et l'approche de lui. Il la regarde dans les yeux et la serre plus pres.
Son visage se rapproche, ses grands yeux brillants lui semblent encore plus beaux.
Il ferme les yeux et ses levres sont d'une douceur infinie.
Ils s'embrassent longuement, doucement, sensuellement.
Antoine ne sait pas quoi faire de ses mais, il n'ose pas la caresser, alors il tient sa taille, sa nuque, ses cheveux.
Il se dit "Qu'est ce que c'est bon !" et en meme temps "J'espere qu'elle trouve que j'embrasse bien"
Une éternité réduite à un instant.
Ils ouvrent les yeux, son visage s'éloigne et ses yeux sont encore plus brillants, plus beaux.
Antoine sait que sa vie sera différente à partir de maintenant.

Publié dans Lui

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S
<br /> Partage interressant... Pas de suite?<br /> <br /> <br />
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